Agroecologie03-2011

Augmenter la production alimentaire mondiale grâce à l’agroécologie

Dans un récent rapport de l’ONU paru le 8 mars dernier, le Rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation, Olivier De Schutter, a estimé que les petits fermiers pourraient doubler leur production alimentaire sur les 10 prochaines années en recourant à des pratiques agroécologiques. Justifiant ce constat, le rapport explique que l’agroécologie (1) permet une meilleure conservation des sols et, par voie de conséquence, de produire plus sur le long terme. En 2007, un précédent rapport de la FAO (2) avait déjà souligné les sérieux atouts de l’agriculture biologique face à la pression d’une demande alimentaire croissante.

Outre une meilleure qualité des sols, la réduction, voire l’absence, de l’utilisation de pesticides se traduit par de substantielles économies pour les agriculteurs. C’est notamment le cas de projets conduits en Indonésie, au Viet Nam et au Bangladesh, où la réduction de l’utilisation d’insecticides a généré d’importantes économies pour les paysans.
Selon l’expert, divers projets agroécologiques ont d’ores et déjà prouvé leur efficacité. Ainsi, dans 57 pays en développement, la production a augmenté de 80 %, avec une moyenne de 116 % dans les projets mis en œuvre en Afrique. De récents projets menés dans plus de 20 pays africains ont, en effet, permis de doubler les récoltes sur une période de 3 à 10 ans.

Mais ce passage à l’agroécologie a besoin de leviers. En ce sens, le rapport souligne le rôle décisif à jouer des Etats et des donateurs dans la mesure où les entreprises privées ne gaspilleront pas de temps ou d’argent dans des pratiques qui ne leur assureront ni la vente de leurs produits, ni l’ouverture de marchés à conquérir.  
Face à l’actuelle flambée des prix des denrées alimentaires, la sécurité alimentaire apparaît de plus en plus problématique. Mais pour Olivier De Schutter, le problème de la faim dans le monde ne se résoudra pas avec l’établissement de grandes fermes industrielles, bien au contraire. Soulignant l’urgence d’adapter l’agriculture afin de nourrir les 9 milliards d’êtres humains attendus en 2050, il a conclu que : « Nous devons faire vite si nous voulons éviter des catastrophes alimentaires et climatiques au 21e siècle ». Abondant en ce sens, l’association Générations Futures a appelé à une « révolution agricole » afin de sortir du schéma d’une agriculture intensive qui asphyxie tant les agriculteurs que l’environnement, notamment via des intrants (3) coûteux et nuisibles.
Cécile Cassier

1- Selon le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement ), l’agroécologie repose sur « des systèmes de culture attractifs, rentables, protecteurs de l’environnement et durables, basés sur le semis direct sur couverture végétale permanente (SCV). Dans ces systèmes, le sol n’est jamais travaillé et une couverture morte ou vivante est maintenue en permanence. Les pailles proviennent des résidus de cultures, de cultures intercalaires ou de cultures dérobées utilisées comme « pompes biologiques ». Ces plantes ont des systèmes racinaires puissants et profonds et peuvent recycler les nutriments des horizons profonds vers la surface, où ils peuvent être utilisés par les cultures principales. Ils produisent aussi rapidement une importante biomasse et peuvent se développer en conditions difficiles comme durant les saisons sèches, sur des sols compactés, et sous une forte pression des adventices ».
2- Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.