De nouvelles perspectives positives mais les instruments de régulation proposés restent faibles

19 novembre 2010  | La Commission européenne vient d’annoncer ses perspectives en matière de réforme de la politique agricole commune (PAC) à l’horizon 2020. En rupture avec son prédécesseur, le Commissaire européen à l’agriculture Dacian Ciolos conçoit la future PAC en lien avec les défis écologiques, les aspirations des consommateurs européens et le souci du maintien de l’emploi agricole dans toutes les régions. Nous ne pouvons que nous en réjouir.

La Commission propose notamment de rééquilibrer la distribution des aides publiques entre les pays et entre les paysans. L’apparition d’une proposition visant à soutenir spécifiquement les « petites fermes » et à développer les circuits courts est une évolution positive importante. L’accent porté sur l’adaptation au réchauffement climatique et sur la nécessité pour l’agriculture d’adopter des modes de productions qui préservent l’eau, les sols, la biodiversité sont pour les écologistes autant de points positifs.

Aux yeux d’Ecolo, il manque toutefois dans ce nouveau positionnement de la Commission des perspectives pour un vrai projet de relocalisation des systèmes agro-alimentaires (du producteur au consommateur) en lien avec les territoires. Nous n’y voyons pas non plus de propositions permettant une réelle régulation de l’offre afin de garantir des prix rémunérateurs aux producteurs et de faire cesser les exportations à bas prix sur le marché mondial ?

En effet, malgré le phasing out des restitutions à l’exportation, le dumping de certains produits d’exportation et leur écoulement sur les marchés africains constituent une concurrence désastreuse pour l’agriculture paysanne dans ces pays. La note de la commission n’évoque par ailleurs pas la reconnaissance de la spécificité agricole dans le cadre de l’Organisation Mondiale du Commerce, ni la remise en cause des accords sur l’importation de protéines végétales, ni la lutte contre la spéculation sur les marchés de matières premières agricoles.

A défaut de s’attaquer à ces mécanismes déterminants du commerce international, la volatilité des prix et la concentration des exploitations se poursuivront aux dépens des revenus et de l’emploi et l’agriculture européenne restera fragile et dépendante.

Pour les écologistes, la nouvelle PAC doit résolument promouvoir la souveraineté alimentaire comme valeur au Nord comme au Sud de la Planète et penser l’agriculture européenne comme la base d’une politique de l’alimentation durable, de qualité et accessible à tous. Les semaines qui viennent seront déterminantes pour la réforme de la PAC. Ecolo et les Verts européens sont et resteront particulièrement attentifs à cet enjeu absolument essentiel pour l’avenir de l’Europe et de la Planète.